A la faveur de l'automne...

Après le départ des vacanciers,les avions n'ont plus fumigé au dessus des rizières. Les semaines qui suivirent, les moustiques se sont multipliés. Près des lagunes et des canaux, il y en avait suffisamment pour en écraser quinze d'une seule main. Quelques uns résistent au froid. Nous aussi, avec des radiateurs plus ou moins efficaces, car la maison est très mal isolée et que l'électricité saute régulièrement. Avec l'humidité, quelques murs fraichement repeints en juillet, commencent a se teinter de gris vert. Les souris essaient également de se réfugier à l'intérieur. On en a capturé quelques unes, et deux rats aussi, qui fouillaient dehors près des poubelles. Les chasseurs on réinvesti les champs, le jour et les nuits de pleine lune. Bien peu scrupuleux parfois, comme ce jour ou postés derrière la moissonneuse, certains attendaient que les poules d'eaux s'échappent.





Ces deux derniers mois les baguages d'oiseaux avaient repris. Quelques surprises comme celle de trois jeunes chouettes effraies que nous avons sorti de leur nichoir. Il est situé dans un des ateliers près de la maison et est composé de deux compartiments communicants. Ainsi après une dure nuit de recherche et de nourrissage des petits, les parents peuvent s'isoler de leur côté et se reposer. C'est une condition indispensable pour que les oiseaux s'y installent. Depuis la réintroduction de la chouette effraie a RietVell, il y a déjà eu plus de dix naissances. Incroyable aussi, ces deux bruants des roseaux, trouvés le même jour dans les filets, et déjà bagués, pour l'un en Slovaquie et l'autre en Pologne. Quant à la roselière de notre lagune, elle a servi de dortoirs durant plusieurs jours à plusieurs milliers d'étourneaux. Plusieurs fois nous avons aussi observé des groupes de grues en vol, se dirigeant vers leur lieu d'hivernage.








Depuis la réserve, en regardant vers l'ouest, rien n'entrave la vue sur près de 30 kilomètres, jusqu'à une enceinte montagneuse se trouvant aux abords du Delta. A gauche le Monstia, le soleil s'y couche à nouveau depuis quelques semaines et la lumière y est fantastique. A droite, les montagnes d'Els Ports, plus lointaines et plus hautes, enneigées il y a peu, pour la première fois depuis mon arrivée. Un dimanche nous y sommes allés cueillir des champignons et avons récolté une caisse pleine de chanterelles jaunes.





Côté volontariat, je vis toujours avec Remi, Marie Louise et Rose. Outre les activités habituelles, nous nous sommes partagés d'autres taches comme des travaux de traduction, la mise a jour du site internet, la création de panneaux d'informations, le travail dans le potager écologique et pour ma part l'élaboration d'une carte ornithologique du Delta. Sinon chacun vague a ses occupations: internet, bricolage, musique, dessin.... Bien sûr de nombreux visiteurs (Luis et sa famille, Bethany et Tony, Joan Lucas et Silviana...) et d'autres volontaires (Vicente, Hector, Aurora, Carolina, Miguel et Xavi encore !) sont venus passer quelques jours à la réserve.








L'année se termine. En presqu'un an le Delta a déjà changé. Ils ont commencé la construction du pont sur l'Ebre, au coeur du Delta, entre Deltebre et San Jaume. Ils ont trouvé la pire manière qui soit pour freiner l'érosion des berges (causée par les bateaux qui ne respectent pas la vitesse): les bétonner. Quel contraste avec toutes les actions menées ici et là pour la conservation des oiseaux du Delta et de ses habitats. Ces changements là sont peut être moins flagrants, mais ce seront ceux que je retiendrais lorsque je partirais et qui se poursuivront notamment grâce à la subvention qu'Ignasi a obtenu et qui financera des dizaines activités pour les mois à venir.